« la priorité, c’est un meilleur partage de la valeur »
Salaires, inflation, réformes des retraites et de l’assurance chômage… Invité de BFM Business le 22 août, François Hommeril, président de la CFE-CGC, a évoqué les sujets de la rentrée sociale.
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Salaires, inflation, réformes des retraites et de l’assurance chômage… Invité de BFM Business le 22 août, François Hommeril, président de la CFE-CGC, a évoqué les sujets de la rentrée sociale.
« La CFE-CGC se tient disponible, nous sommes toujours prêts à discuter. » C’est en ces termes que François Hommeril a conclu son intervention sur le plateau de BFM Business, lundi 22 août en début de soirée. Interviewé sur les grands sujets de la rentrée sociale, le président confédéral a placé la question des salaires au centre des enjeux, dans un contexte de tensions inflationnistes persistantes. « La priorité, c’est le sujet économique et le partage de la valeur qui se décline à la fois dans toute la chaîne de valeur et de sous-traitance, et au sein de l’entreprise avec la question des salaires. Certaines entreprises peuvent être en difficulté mais la négociation permet de les affronter. »
« Les augmentations générales doivent être au niveau de l’inflation »
Pour la CFE-CGC, le postulat est très clair : « Les augmentations générales doivent être au niveau de l’inflation. Beaucoup d’entreprises « couinent « , indiquant ne pas en avoir les moyens. Mais si, les moyens y sont et doivent être mobilisés. Quand on raisonne à la moyenne, on constate que le taux de marge des entreprises en 2021 a été le plus important depuis 1949 ! Les dividendes versés par les très grandes entreprises ont atteint des records jamais connus. »
Le président confédéral appuie sa démonstration : « L’économie française génère un surplus de bénéfices : certaines grandes entreprises en sont même à racheter des actions, ce qui est un scandale et une opération anti-économique. »
Ce sujet fondamental du partage des richesses créées doit mobiliser tous les acteurs, rappelle François Hommeril. « L’État doit avoir une vision, des exigences, travailler avec les acteurs économiques et les partenaires sociaux. Il faut dans ce pays que chacun qui travaille gagne suffisamment pour vivre normalement et faire face aux difficultés de la vie. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Les questions qui nous sont posées sont donc bien celles de la rémunération, des salaires et d’un meilleur partage de la valeur. »
Concernant le projet de réforme des retraites dans les cartons du gouvernement, avec la volonté affirmée de reculer l’âge de départ, François Hommeril se montre très ferme. « Cette réforme n’est pas nécessaire et n’est guidée par aucun impératif économique. Le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) le rappelle très bien : dans l’équilibre actuel des régimes, aucune raison objective n’impose de reculer l’âge de la retraite. La CFE-CGC est d’autant bien fondée à le dire qu’elle a pu, par le passé, accompagner de précédentes réformes des retraites. Aujourd’hui, ce n’est pas nécessaire. »
« Reculer l’âge de départ à la retraite, c’est faire payer à la fois les actifs et les retraités »
« D’une certaine façon, le gouvernement annonce la couleur quand il explique avoir besoin de marges de manœuvre budgétaires pour faire à ses engagements vis-à-vis du versement des pensions dans la fonction publique, poursuit le président de la CFE-CGC. Le gouvernement veut aller chercher de l’argent. Pourquoi pas. Mais alors, pourquoi faire payer les seuls salariés ? Parce que reculer l’âge de départ à la retraite, c’est faire payer à la fois les actifs et les retraités. »
Dernier sujet au menu de l’interview : l’assurance chômage. Avec, là encore, un projet de réforme porté par l’exécutif, prévoyant notamment de rendre les règles d’indemnisation plus ou moins favorables selon la conjoncture. « Une fois encore sur l’assurance chômage, tout cela relève du populisme, estime François Hommeril. Le niveau d’indemnisation n’est en rien un influenceur de l’activité de quelqu’un à chercher ou retrouver du travail. La dégressivité des allocations, nous l’avons vu par le passé, est un dispositif qui ne marche pas et qui introduit des biais, poussant les gens à reprendre des emplois qui ne relèvent pas de leur niveau de compétences. »
Mathieu Bahuet